Il était une fois des histoires

Le blog de Laetitia Midou, romancière

J'ai planté le décor de mon premier roman sur la Nationale 7. A Lapalisse. 

Nous sommes en 2017. A l’origine, mon histoire devait se dérouler en Alsace où je vis depuis treize ans.


Alors que nous écoutons la radio sur la route de nos vacances, un reportage sur la Nationale 7 m’interpelle, fait écho à l’histoire qui couve depuis deux ans dans ma tête. Je demande aux enfants de faire le silence. Vœu pieu. Alors, je monte le son et tends l’oreille, captivée. Mon cerveau s’agite, quelque chose se passe. Des connexions se créent, c’est un feu d’artifices d’idées qui fusent en tout sens. Ces instants magiques, où ce que j’entends, ce que je lis, ce que je vois viennent enrichir mon imaginaire, compléter des idées, sont rares et carrément jubilatoires.

Le chroniqueur raconte les embouteillages légendaires de Lapalisse à l’époque des chassés croisés des vacanciers sur la Nationale 7, avant les autoroutes A6 et A7. Aujourd’hui, plus de vrais bouchons à Lapalisse mais « des faux » reproduits à l’identique tous les deux ans avec des véhicules des années 50 et 60. Autrefois redoutés, les embouteillages de Lapalisse sont aujourd’hui une fête qui attire des nostalgiques, des curieux toujours plus nombreux. Beaucoup jouent le jeu et portent des costumes d’époque.

Après le reportage à la radio, je lévite au-dessus de mon fauteuil, je suis éblouie par l’histoire que je viens d’entendre. Cela ne fait aucun doute pour moi, je tiens le décor qui manquait à mon histoire. Ce sera la Nationale 7, Lapalisse et son embouteillage historique reconstitué. C’est une évidence. Les semaines passent, les mois, rien ne vient ébranler cette conviction.

En 2018, en février, je profite d’une période d’inactivité et me lance dans l’écriture. Je sais que je n’aurais pas d’autres occasions. Je dois la saisir.

La décision est prise alors de faire un road trip sur la Nationale 7 en partant de Montargis là où vit ma belle-famille jusqu’à Lapalisse. Je dois m’imprégner des lieux pour les restituer au mieux dans mon roman. Nous sommes fin avril 2018.

La pluie est notre compagne de route, elle renforce le côté nostalgique de l’escapade. Nous nous extasions et photographions tout : des bornes Michelin, d’anciennes publicités sur les façades des maisons, certaines étant parfois très bien conservées, des hôtels, des restaurants avec des enseignes d’époque, des garages abandonnés, de vieilles pompes à essence, un cinéma….Quel bonheur cette chasse au trésor des derniers vestiges de la Nationale 7, quel bonheur cette remontée dans le temps !


Et puis l’arrivée à Lapalisse : les souvenirs remontent. Je me rappelle du château surtout. Je suis du coin. Une fille de l’Allier. Ici, je suis venue quand j’étais gamine pour disputer un tournoi de baskets. J’adore le basket, mais je ne pratique plus. Mes souvenirs ne me disent plus si nous avons gagné. Je me rappelle surtout du bonheur de prendre le car pour la journée et de jouer contre une autre équipe, chez elle. C’était exotique. C’était l’aventure pour une gamine de la campagne qui ne partait jamais en vacances.

Photos, films et prises de notes au fil de nos découvertes dans le bourg de Lapalisse.

Deux mois que j’écris mon roman et j’imagine que je pourrais croiser Lorraine, mon héroïne, Gilles, son mari, Maryline sa meilleure amie, Mado, Jacky, ses parents….Ca me fait une drôle d’impression de me retrouver chez eux.

Cette virée au pays de mes personnages a été une étape cruciale dans la rédaction de mon roman, un booster inestimable, une expérience à renouveler pour les prochains romans.

Et pour l’embouteillage de Lapalisse, je n’ai pas encore eu cette chance de m’y rendre. En 2018, un empêchement a contredit ce projet et en 2020, le COVID a annulé l’édition.

Sera-t-il reconduit en 2021 ? Pourrais-je enfin me plonger dans les années d’après-guerre le temps d’un week-end ?

Je croise les doigts. Hâte de retourner chez Lorraine !

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